Les Figures de Style

Vous connaissez déjà peut-être certaines figures de style que vous avez croisées au collège. Au lycée vous devez en connaître quelques unes supplémentaires. Il ne s’agit évidemment pas de toutes les connaître car il en existe plus de 150. Ici sont regroupées les principales et celles qui sont utilisées le plus souvent. Mais pourquoi des figures de style ? Le mot important est le style, c’est-à-dire la manière dont un auteur écrit. En littérature, le style est ce qui différencie un auteur d’un autre ; le style permet de donner des effets, un rythme, une forme à une idée. En connaissant et en sachant repérer les figures de style suivantes, vous parviendrez à mieux comprendre le sens d’un texte littéraire et vos analyses seront plus précises.
“Il n’y a pas de belles pensées sans belles formes, et réciproquement.”
Gustave Flaubert
(Lettre à Louise Colet, 18 septembre 1846)

L'allitération

répétition d’un même son consonantique (consonne).

“Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?…”
(Racine, Andromaque, V, 5)

“Les parfums ne font pas frissonner sa narine”
(Rimbaud, “Le dormeur du val”)

“A peine les ont-ils déposés sur les planches”
(Baudelaire, “L’Albatros”)

L'assonance

répétition d’un même son vocalique (voyelle). 

“Triste et mélodieux délire”
(Apollinaire, “La chanson du Mal-Aimé)

“Ô lac, l’année à peine a fini sa carrière”
(Lamartine, “Le Lac”

L'anaphore

Répétition d’un même mot (ou de plusieurs mots) en début de phrases ou de vers.

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle” (v.1)
Quand la terre est changée en un cachot humide” (v.5)
Quand la pluie étalant ses immenses traînées” (v.9)

(Baudelaire, “Spleen”, Les Fleurs du Mal)

L'antithèse

Opposition dans une même phrase de deux mots ou idées contraires.

“Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie.”
(Louise LabéSonnets)

“Innocents dans un bagne, anges dans un enfer.”
(Victor Hugo, “Melancholia”, Les Contemplations)

Le chiasme

Figure de symétrie inversée sous la forme A B / B A dans une phrase, dans un vers ou des répliques.

« Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés »
(La Fontaine, “Les animaux malades de la Peste”)

L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! “ (Lamartine, “Le Lac”)

L'oxymore

Comme l’antithèse mais les deux termes contraires sont juxtaposés.

“Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés”

(Baudelaire
, “L’invitation au voyage”)

“Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’épanouir.”
(Baudelaire, “Une Charogne”)

Charles Baudelaire (1821-1867) ; Arthur Rimbaud (1854-1891) ; Victor Hugo (1802-1885) ; Guillaume Apollinaire (1880-1918)

La comparaison

Mise en rapport de deux entités. Comporte trois éléments : le comparé, le comparant et l’outil de comparaison (comme, aussi… que, plus… que, moins… que, etc.)

“La terre est bleue comme une orange”
(Paul EluardL’Amour, la poésie, “Premièrement”)

“Elle a passé la jeune fille / Vive et preste comme un oiseau”
(NervalUne allée du Luxembourg)

La métaphore

Figure d’analogie qui ressemble à la comparaison mais sans l’outil de comparaison. Quand la métaphore se poursuit sur plusieurs vers ou phrases, on parle d’une métaphore filée. C’est le cas, par exemple, dans “Le Lac” de Lamartine, avec la métaphore filée de l’eau.

“Mais Paris est un véritable océan. Jetez-y la sonde, vous n’en connaîtrez jamais la profondeur.”
(Balzac, Le Père Goriot.)

“Cet homme […] mordant et déchirant les idées et les croyances d’une seule parole”(MaupassantAuprès d’un mort.)

L'énumération

Juxtaposition d’une série de termes.

“Il y avait dessus quatre aloyaux, six fricassées de poulets, du veau à la casserole, trois gigots et, au milieu, un joli cochon de lait rôti, flanqué de quatre andouilles à l’oseille.”
(FlaubertMadame Bovary)

“Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère, haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé”
(Baudelaire, “Chant d’automne”)

La gradation

Plusieurs termes accumulés qui procèdent à un effet de plus ou de moins – gradation ascendante ou descendante.

“C’est un roc ! c’est un pic ! c’est un cap !
Que dis-je, c’est un cap ? C’est une péninsule !”
(Rostand, Cyrano de Bergerac)

“Ah! Oh! Je suis blessé, je suis troué, je suis perforé, je suis administré, je suis enterré”
(Alfred JarryUbu roi)

Gustave Flaubert (1821-1880) ; Gérard de Nerval (1808-1855) ; Guy de Maupassant (1850-1893) ; Honoré de Balzac (1799-1850)

L'hyperbole

Figure d’exagération. Très présente dans la langue courante, elle vise à grossir le trait.

“Le seul bruit de mon nom renverse les murailles
Défait les escadrons et gagne les batailles.”
(Corneille, L’Illusion comique, II, 2)

“Je ne suis qu’un amas de crimes et d’ordures.”
(Molière, Tartuffe.)

“Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs, je me sens un cœur à aimer toute la terre.”
(MolièreDom Juan)

La litote

Dire le moins pour faire comprendre le plus. Figure d’une fausse atténuation.

“Va, je ne te hais point” (= je t’aime toujours)
(Corneillele Cid)

Ce n’était pas un sot, non, non, et croyez-m’en, /
Que le chien de Jean de Nivelle”

(La Fontaine, “Le Faucon et le Chapon”, Fables.)

La métonymie

Désigner un élément par un autre qui partage un lien / une relation avec.

“Boire une bonne bouteille” (pour indiquer que nous boirons le contenu de la bouteille)

“Paris a froid, Paris a faim.” (= les parisiens)
(Paul Eluard, “Courage”)

Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles”
(Francis Ponge, “L’huitre”)

La périphrase

Désigner une chose par une phrase ou plusieurs mots.

“C’était l’heure tranquille où les lions vont boire.” (= le soir)
(Victor Hugo, “Booz endormi”)

“Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage /
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, /
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,”
(2 périphrases pour parler de l’albatros)

(Baudelaire, “l’Albatros”)

 

La personnification

Donner à un objet, un animal ou une abstraction des caractéristiques humaines (sentiments, comportements, etc.).

“Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour”
(Francis Ponge, “Le Cageot”)

“Tandis que les crachats rouges de la mitraille /
Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu”
(Rimbaud, “Le Mal”)

“Ce matin-là, une goutte, s’acharnant dans son œil, le faisait jurer.”
(ZolaGerminal)

L'allégorie

Proche de la personnification, une abstraction devient animée et prend une forme, le plus souvent humaine. On la reconnaît généralement grâce à la majuscule.

“Le Temps mange la vie, /
Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le coeur /
Du sang que nous perdons croît et se fortifie”
(Baudelaire, “L’Ennemi”)

Pierre Corneille (1606-1684) ; Molière (1622-1673) ; Louise Labé (1524-1566) ; Jean de La Fontaine (1621-1695)

Pour aller plus loin

Je vous conseille deux ouvrages de référence.

Lexique des termes littéraire
sous la direction de Michel Jarrety
Livre de Poche. 473 pages.

Gradus, Les procédés littéraires
Bernard Dupriez
10-18. 540 pages.

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